Lettre ouverte des salariés du secteur associatif

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Ces dernières années,  de cure d'austérité en expérimentation de contrats courts,  le secteur associatif à servit de véritable laboratoire de la précarité. Dans un secteur fort de près de deux millions de salariés,  et caractérisé par la vocation sociale de la plupart de ses structures, les salariés ont payé le prix fort de la démission du gouvernement dans sa mission de service au citoyens. 
Nous, salariés du secteur, souhaitons alerter le gouvernement sur la dégradation rapide de nos conditions de travail. Nous  choisissons la forme de la lettre ouverte car il nous semble que cette situation est encore mal connue du grand public,  et que la réalité du salariat associations Katie est encore largement fantasmee. 
Nous invitons tous les salariés des structures associatives et assimilées (syndicats, partis politiques, comités d'entreprise...) à s'associer à notre démarche en signant cette lettre ouverte.
Nous demandons à François Hollande et au gouvernement de sécuriser les budgets des associations en garantissant les subventions publiques et d'abroger les multiples contrats précaires en  cours d'expérimentation,  à commencer par les services civique. 

Ci dessous la lettre ouverte  en intégralité :

Lettre ouverte des salariés du monde associatif à monsieur le Président de la République François Hollande 

Monsieur le Président, 

Nous sommes salarié-e-s du monde associatif, travaillant dans les secteurs de la culture, de la solidarité, de la protection sociale, du sport, de l’éducation populaire,de la protection de l’environnement ou du développement agricole, et tant d’autres domaines qui sont au coeur des projets que nous défendons chaque jour. 

Par ce courrier, nous souhaitons vous faire part de notre inquiétude suite à vos dernières annonces et aux mesures prises par le gouvernement. Il est temps de mettre fin aux politiques qui depuis des mois, provoquent un malaise croissant dans un secteur qui représente plus de 1,8 millions d’emplois en France et dont les services profitent à des millions d’usagers. 

Les associations sont en première ligne des politiques d'austérité annoncées par votre gouvernement pour la période 2015-2017, car elles dépendent en grande partie des subsides des collectivités territoriales, lesquelles voient leur budget amputé. Les suppressions d'emplois qui pourraient toucher plus de 200 000 personnes entre 2014 et 2017 (1), la surcharge de travail et les pressions induites entraînent déjà de nombreux cas de souffrance au travail. Il va sans dire que les 50 000 emplois d'avenir annoncés pour 2015 (2) ne représentent pas une compensation suffisante, puisqu’il ne s'agit que d'emplois temporaires qui ne peuvent se substituer à long terme aux emplois perdus. 

Lors de votre conférence de presse du 5 février dernier, vous avez annoncé, Monsieur le Président, la mise en place d'un "service civique universel" et le passage de 35 000 à 150 000 du nombre de services civiques réalisés par les jeunes chaque année à partir de juin 2015. Le secteur associatif est concerné au premier chef par cette annonce, puisqu’il accueille déjà 80% des "volontaires" en service civique (3). Cette volonté de développer massivement le volontariat indemnisé au moment même où les politiques de l'Etat et des collectivités entraînent des licenciements par centaines dans le secteur associatif est incohérente, irréaliste et dangereuse. 
Faut-il vous rappeler, Monsieur le Président, que la cour des comptes elle-même a alerté de longue date sur le risque de substitution de l'emploi par des volontaires dans le cas d'une "montée en puissance" du service civique (4). 

Le monde associatif n'a pas besoin d’un dispositif qui sous-paye, et encadre mal les jeunes, mais de salarié-e-s et de bénévoles engagé-e-s dans une vision à moyen-long terme. Cet objectif ne peut être atteint que par des financements pérennes, et par un engagement réciproque entre associations et collectivités locales. Les jeunes, touchés de plein fouet par le chômage, ont besoin d'autres perspectives que celles d'un travail indemnisé en dessous du seuil de pauvreté, situé en dehors du cadre protecteur du droit du travail. Surtout lorsque l’on sait que 37% des jeunes réalisant un service civique étaient sans activité (4) et que le chômage constitue donc l'une des principales raisons qui poussent les jeunes vers le service civique. 

Monsieur le Président, le monde associatif, à travers ses actions, ses projets, son activité et sa nature (composé d'organisations à but non lucratif) est un élément fondamental de création de liens sociaux, de solidarités et de vivre ensemble, d'éducation, de culture, de protection de l'environnement et de transformation sociale. Au vu des crises actuelles et des pertes de repères, nous en avons plus que jamais besoin pour une société plus humaine, égalitaire, libre et solidaire. 

Nous attendons de vous une remise à plat de l’ensemble des politiques qui contribuent à la précarisassions de l’emploi associatif. Il est de votre responsabilité de garantir la qualité et la pérennité de l’emploi associatif, en garantissant des subventions publiques et en supprimant les multiples formes de contrats précaires proposés aux associations, à commencer par les services civiques. 

Premiers signataires : 

(1) - Estimation du collectif des associations citoyennes, février 2015 

(2) - Ministère du travail, octobre 2014, http://travail-emploi.gouv.fr/actualite-presse,42/breves,2137/mission-travail-emploi-plf-2015,18093.html 

(3) - Chiffres de l'agence du service civique - campagne de communication pour les 5 ans du service civique 

(4) - Cour des comptes, Rapport public annuel 2014 – février 2014 , "Le service civique : une ambition forte, une montée en charge à maîtriser" 

Mobilisation créée par ASSO
23/6/2015

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